Présentation de saison 21/22 Découvrez les spectacles et abonnez-vous

Une soirée pour découvrir la saison, rencontrer les artistes du campement, les nouveautés, iTAK festival, on vous dira tout ! En bonus, des extraits vidéos des spectacles et un petit coup à boire au Bar du Manège.

Nous demeurons vivants.

Édito

Nous demeurons vivants. Rien n’est pris ni perdu… L’appétit de retour à la vie relève d’un acte volontaire, faisant rebond joyeux sur le constat que la réalité mise à l’épreuve a connu sa limite. La clef, toujours, est de se savoir mortel, de sentir et d’anticiper le terme de toute chose. C’est le jaillissement de la finitude qui, paradoxalement, nous invite à bien jouir du temps, de la rencontre, parfois de soi. En un seul geste qui les prend ensemble, le temps et l’espace constituent la matière première de nos vies, la forme a priori de notre sensibilité humaine. Ce n’est jamais comme une scène de théâtre dont la structure serait indépendante de la pièce qui s’y joue. Les phénomènes qui s’y déroulent fabriquent la simultanéité des rencontres, la succession des événements – un devenir vécu en commun, surtout, qui parfois nous affecte, parfois nous sublime.

Artistes et spectateurs sommes inscrits dans le cercle de l’échange. Cet espace-temps – un peu sacré, un peu magique – doit toujours être perçu comme un horizon ouvert. Un champ libre de désirs et de forces à même de contenir tous les possibles de transformation de la vie, toutes les interrogations et stimulations qui nous reviennent pleine face. Et nous dedans, formant notre disponibilité à les recevoir, nous y pouvons naviguer sans restrictions. Dansant sur les vagues de nos existences, traver- sant toute l’étendue du vent et de la houle. Expérimenter l’art est un art d’expérimenter la vie. En mode remous et courants forts. Les disciplines artistiques, par nature éphémères, ne recherchent ni la disparition ni la fuite, mais la matière vive de nos libertés concrètes, partagées sans entrave.

Aujourd’hui, c’est la relance. L’occasion surtout de marquer au nos soucis de fidélités tout autant que nos envies de transformations. En cinq saisons qui viennent de passer, Le Manège, fort de son histoire, radicalement libre de se renouveler en toute chose, aura vu s’élargir le cercle de ses publics. C’était, bien sûr, avant de devoir suspendre les voyages au nom du coronavirus. En sa qualité retrouvée de Scène nationale, Le Manège aura établi habitation pour les artistes, venus à lui trouver soutien complice dans leur permanente obsession de créer. Il aura lancé, comme autant de navires à l’abordage, les créations qu’il défend, tant en Europe qu’au-delà : Russie, Amérique, Asie, Australie…

Il aura encore – c’est la nouveauté de cette saison où se désenclavent les horizons – changé la donne de son grand festival du mois de mai. Qui, à présent, sous le nom d’iTAK, devient « festival en archipel ». De Maubeuge en Val de Sambre jusqu’à Bruxelles, en passant par Mons et Valenciennes : une invitation majeure faite aux transports émotionnels, à l’exploration physique autant que métaphysique.

Demain enfin, à la faveur d’une importante réhabilitation architecturale (2022-2023), Le Manège verra le périmètre de ses installations évoluer, faisant définitivement peau neuve de sa réalité augmentée. Merci à tous ceux qui – État, Région, ville de Maubeuge et villes partenaires, Agglomération ou Département – concourent à rendre possible cette perspective imaginée plus confiante en l’avenir. Grâce à vous, les pôles géographiques, les systèmes trop coordonnés de coordonnées, se renversent, se déplacent. Les mauvaises frontières, celles de la condamnation à l’immobilité comme aux idées reçues et clichés bien ficelés, s’effacent un peu. Favorable mouvement à l’intérieur de la dérive générale des continents : dorénavant Maubeuge est la ville du nord la plus à l’ouest !

Merci à ce respectable public, à chacun(e) en son individualité propre, qui se déclare volontiers « toujours partant(e) » pour se jeter dans l’aventure, sans avoir le besoin d’autre balise que le seul nom du Manège. À vous, bientôt : les embarquements futurs et la promesse des plaisirs qui vont avec. À moi, sous les ciels changeants : l’embarcation du pirate toutes voiles dehors.

Géraud Didier
Directeur du Manège