Publié le 22 février

Épisode 2. Cyber-harcèlement et Éducation aux médias

Épisode 2 de notre programme de lutte contre le cyber-harcèlement et d’éducation aux médias. Après la metteuse en scène Laure Catherin, la journaliste Sophia Marchesin est à la rencontre des élèves du Val de Sambre du 8 au 15 février. Alors, il se passe quoi sur les réseaux sociaux, on en parle ?

Épisode 1 >


Le Manège : Sophia, est-ce que tu peux te présenter, ton parcours et qu’est-ce qui t’amène aujourd’hui auprès des élèves ?

Sophia Marchesin : Depuis treize ans, je suis journaliste indépendante et j’ai longtemps collaboré pour la Radio Télévision Suisse, la RTBF, Radio France, mais aussi pour des magazines ou des journaux français, en France, au Moyen-Orient et au Japon. Au début de ma carrière, j’ai eu la chance de découvrir le métier de reporter radio dans le nord, à France Bleu Nord à Lille, et je reste très attachée au territoire. En 2022, je suis revenue dans le Nord pour réaliser une résidence d’éducation aux médias avec la Communauté d’Agglomération. Cette expérience a été unique : pendant quatre mois, j’ai partagé ma passion pour mon métier à des ados dans des établissements scolaires, et j’ai créé aussi des ateliers radio ou d’écriture avec des adultes, dans des centres sociaux, avec des associations comme Mots et Merveilles ou l’AFEJI. J’ai adoré présenter mon métier à des personnes qui se sentent loin du "monde des médias". J’ai moi-même grandi à la campagne, dans une famille d’artisans et de paysans, personne dans ma famille est issu de ce milieu là. Du coup, ça me tient vraiment à cœur de parler de mon travail, souvent décrié, mais au fond mal connu.

J’ai adoré présenter mon métier à des personnes qui se sentent loin du "monde des médias".

LM : En quoi consiste tes ateliers-rencontres avec les jeunes, on y apprend quoi, on y fait quoi ?

SM  : En ce moment, avec le Manège, nous avons mis en place une série de rencontres sur les questions du harcèlement. Pendant deux heures, avec des collégiens ou des lycéens, on échange beaucoup sur la façon dont on utilise les réseaux sociaux, et comment certains s’en servent pour communiquer ou parfois insulter, se venger, régler des comptes. À partir de photos, de tweets, de vidéos TikTok, on réfléchit ensemble aux différents types de discriminations punies par la loi. C’est un espace de parole et d’écoute, très instructif je pense pour eux, mais aussi pour moi.

LM : Quel est ton ressenti après cette série de rencontres, qu’en retiens-tu ?

SM : Je suis très surprise de voir que dès la sixième, les jeunes ont énormément d’histoires à raconter sur le harcèlement en ligne ou en dehors des écrans. Avec les plus grands, on aborde sans tabou l’homophobie, la transphobie, le sexisme, voire les violences sexuelles. Je ne suis pas sûre que cela aurait été possible il y a dix ans. Après, quand j’entends qu’une fille ne peut pas porter une jupe trop courte, sinon elle risque de se faire agresser verbalement ou physiquement, et qu’au fond... elle l’a un peu cherché... je me dis qu’il y a encore du boulot ! En règle générale, je sens que certains ados sont tiraillés entre des discours violents entendus à la maison, et leur niveau de tolérance qui évolue en grandissant. Dans tous les cas, même si le harcèlement sexiste par exemple perdure au delà de l’école, ils se sentent plus sensibles à ces questions là, moins réac que leurs parents, c’est rassurant !